Bonsaï

Décembre 2011

Peu avant de quitter le Canada pour le Japon, un de mes co-locs m’a offert une petite pousse d’arbre en cadeau avec un livre sur les bonsaïs. J’ai trouvé l’idée bien sympathique et après quelques heures à suivre les explications du livre mon premier bonsaï était prêt à affronter la prochaine décennie. Je suis parti alors pour le Japon, laissant mon bonsaï entre les mains de mon co-loc qui avait lui aussi adopté une petite brindille.

Exposition

Alors que je marchais dans un parc avec une de mes amies japonaises, nous sommes passés devant un jardin traditionnel. Curiosité oblige, nous sommes entrés et avons visité l’exposition de bonsaïs qui était sur le parcours. Des « petits arbres » fort intéressants, certains ayant plus de 200 ans, aux formes irrégulières mais ayant toujours un petit quelque chose qui plait à l’oeil. Je voulais en voir et en savoir davantage.

L'est de Tokyo

À la mi-novembre, une fille avec qui je pratique mon japonais (et son français) m’a invité à aller visiter un hôpital pour bonsaï dans l’est de Tokyo. Des arbres forts intéressants y sont exposés, un peu comme dans un musée. L’existence des bonsaïs ne semble pas être de tout repos, souvent enrubannés de fil de fer pour courber leurs branches, ou encore des fils pour tirer les branches dans des directions souhaitées et sans oublier les greffes de branches. Mais les arbres qui passent par ces souffrances se trouvent une personnalité fort différente au sortir de ce passable obligé. Dans cette infirmerie à bonsaïs, un Britannique nous a fait faire le tour des lieux pour visiter les salles de présentations. Il fut apprenti du Maître durant plusieurs années avant de partir sur la route pour vivre de ses connaissances des bonsaïs. Nous étions bien chanceux qu’il soit présent lors de notre visite, il était venu donner un coup de main pour préparer une exposition. Il m’a parlé aussi d’un fameux « village » où beaucoup de producteurs de bonsaïs se sont rassemblés après le grand tremblement de terre de 1923 qui avait ravagé Tokyo. Prochaine destination Omiya Bonsai-mura.

Omiya

À la mi-décembre, j’ai débarqué à la station d’Omiya Koen ou j’ai pu admirer encore plus de spécimens de ces mystérieux petits arbres. Le cartier vit au rythme des collections de bonsaïs, après quelques visites, alors que j’admirais la collection de la maison de Mansei-En, un Américain m’a abordé : un passionné de bonsaïs qui étudie dans cette collection et infirmerie depuis presque 2 ans. J’ai profité de ses connaissances pour y voir un peu plus clair.

Les propriétaires de bonsaïs font souvent appel à des spécialistes pour prendre soin de leurs arbres. Ces derniers requièrent souvent des traitements particuliers qu’il vaut mieux parfois laisser entre les mains des professionnels, ou Maîtres comme on les appelle ici. La maison Mansei-En fut la première à s’établir à Omiya, c’est une entreprise familiale qui en est à sa 6ième génération. En plus de prendre soin de bonsaïs, certains spécimens sont à vendre. Alors que je m’avançai sur un terrain glissant ; demander le prix d’un bonsaï, la réponse est restée assez vague. Ce sont en fait des pièces d’art, le prix peut donc varier en fonction de l’appréciation de l’acheteur, du vendeur etc. Mais une chose est sûre, si le maître de la maison a le moindre doute sur le traitement futur d’un de ses arbres, la vente risque de ne pas aboutir. D’ailleurs la première règle pour prendre un arbre et en faire un bonsaï est de s’assurer qu’il puisse vivre.

En japonais, « Bonsaï » signifie, arbre dans un pot, mais on préfère parler d’arbre avec une personnalité, on doit pouvoir déceler un petit quelque chose en le regardant, un petit mystère. La collection possède quelques spécimens bien particuliers dont, paraît-il, le plus vieux bonsaï du Japon(photo gauche), je ne sais pas si toutes les collections revendiquent ce titre, mais celui-ci a presque 2000 ans (il est bonsaï depuis 70 ans). L’américain m’a parlé de l’histoire, des compétitions, de son expérience ici, de la philosophie des bonsaïs bref, j’ai découvert alors un monde beaucoup plus fascinant et complexe que je ne m’y attendais concernant ces « petits arbres ».

Ps : Après avoir insisté un peu, on m’a dit que ce bonsaï serait à vendre pour 20,000,000 yens, ou 264,000$. Des intéressés?



Maître Saburo Katoh (à gauche) grand père de l'actuel maître de la maison Mansei-En, premier ministre japonais et 2 étrangers que vous allez peut-être reconnaître






un peu plus de photos

Est de Tokyo

Omiya




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